HISTORIQUE
La technique de la culture sur billons…méthode de conservation du sol
Cette technique se pratique sur toutes les textures de sols. Toutes les cultures (photos série 1) sont favorisées et toutes les régies (conventionnelle, doses réduites, sans intrant ainsi que biologique) s’y prêtent facilement.
La culture sur billons est une méthode de semis s’effectuant sur des buttes (billons) (photos série 2) permanentes formées l’année précédente à l’aide d’un sarcleur-billonneur (photos série 3A). La technique utilisée vise à réduire au minimum le travail du sol, améliorer la structure de ce dernier et permet de réduire l’application de fertilisants et d’herbicides chimiques. Elle est particulièrement adaptée à la culture biologique. Bien que cette pratique ne soit pas recommandée pour les cultures fourragères, certains producteurs ont réussi à modifier leur équipement en conséquence.
La culture sur billon comporte de nombreux avantages et la technique est l’une des plus simple à réaliser, avec ou sans herbicides.
Historique de la culture sur billons
Au début du siècle dernier, cette méthode a surtout été employée dans les régions les plus sèches du sud-ouest américain tel l’Arizona, où l’on pratique l’irrigation pour la culture du coton, du maïs et du soya. La hauteur de leurs billons pouvait atteindre les 30-40 cm (12-15 pouces). C’est toutefois en 1966, qu’un agriculteur dénommé Ernie Behn du Nébraska, a eu l’idée d’appliquer et d’adapter cette méthode culturale à ses champs conventionnels de maïs et de soya comme moyen de contrer l’érosion. Pour ce faire, il a dû adapter et même inventer certaines pièces de machinerie en collaboration avec la compagnie manufacturière de pièces Fleischer de l’époque afin de modeler des billons de 17 – 20 cm (7-8 pouces) pouvant travailler sur 4 rangs, 8 rangs et puis 12 rangs. Ces équipements et pièces de machineries (photos série 3) étaient alors commercialisées sous la marque Buffalo.
La technique de culture sur billons développée par M. Behn a rapidement été reprise par ses voisins immédiats, dont M. Dick Thompson, également très connu dans le domaine. Ces deux agriculteurs ont propagé cette méthode culturale aux États voisins (Nebraska, Minnesota, Illinois, Missouri) ainsi qu’au Canada (Ontario et Québec). M. Behn est d’ailleurs venu ici à quelques reprises à titre de conférencier durant les années ’80 et a même écrit un livre sur le sujet. Ce dernier peut être acheté auprès du Club.
Pendant ce temps au Québec, un chercheur de l’Université Laval du nom de Régis Boily effectuait de nombreuses recherches en collaboration avec Bernard Granger, un agriculteur de l’époque. Ces travaux ont eu lieu entre 1971 et 1978 et se sont effectués principalement à l’aide d’une billonneuse 4 rangs et de deux machineries Buffalo. Ils cherchaient à comparer trois parcelles de quatre acres chacune: le labour, le billon et le no-till. Bien que les résultats scientifiques obtenus aient fait l’objet de rapports et de conférences à l’époque, le Club n’a pas encore pris connaissance de ces derniers. Ils seraient toujours disponibles à l’Université Laval. Toutefois, le Club a appris que dans l’ensemble, les travaux avaient permis de démontrer que les sols les meilleurs pour la culture sur billons seraient ceux qui se compactent moins comme les argiles sablonneuses. Ensuite, parmi les trois cultures, celle sur billons permet d’augmenter les rendements dans la mesure où le sol de surface n’est pas trop épais. Par ailleurs, cette méthode serait la plus économique; d’une part parce qu’il n’y a pas de labour mais également parce que la réduction du nombre de passages engendre une économie de carburant.
Ce n’est que vers la fin des années ’80 que la popularité de cette technique auprès des agriculteurs d’ici a débuté avec Jean Asnong, pionnier, en réponse à leurs préoccupations en matière d’érosion et d’utilisation importante d’intrants. Après quelques années d’essais, le développement de semences tolérantes aux herbicides a contribué à faire plafonner cette technique au profit de la culture en semis direct.
Au milieu des années ’90, Simon Audette découvre pour sa part que le fait de former ses billons différemment, lui permet de désherber mécaniquement et plus efficacement son sol. Abandonnant l’application de tout pesticide, il devient le premier producteur sur billons, en régie biologique. Aujourd’hui on dénombre plus d’une dizaine de producteurs sur billons, biologiques.
Au tournant du millénaire, avec la popularité grandissante pour le biologique tout comme la déstructuration des sols dus aux labours de la culture conventionnelle, on observe un regain de popularité pour la culture sur billons.
La compagnie Fleischer n’ayant pu être racheté, c’est la compagnie B&H manufacturing au Minnesota qui a repris la production d’équipements similaires servant à la culture sur billons.